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Depuis la mi-janvier, les rues de Paris sont devenues le lieu de ferventes protestations suite au projet de loi repoussant l’âge de départ légal à la retraite de 62 à 64 ans.

Gladpow, (Collage d’après : Jean-François Millet, Des Glaneuses, huile sur toile, 1857), mars 2013, Rue Amelot © @gladpow 

Outre le recul de 2 ans de l’âge légal de départ à la retraite, la controverse suscitée par la réforme des retraites provient de l’invocation de l’article 49.3 par l’autorité présidentielle. Le 49.3 est un article de la constitution française dont seul le ministre peut se servir pour faire passer une loi, privant ainsi les députés de l’assemblée nationale de leur pouvoir de vote.

 Artiste inconnu,  49.3 Raisons d’être en colère, Paris XIIIe, mars 2023 © Marie le Palec ; Mifamosa, 49.3, mosaïques, Limoges, 2023 © @mifamosa

Cette réforme suscite de nombreuses protestations qui s’expriment par le biais de mobilisations de types grèves et manifestations. Sous l’impulsion des organisations syndicales, des grèves systématiques ont eu lieu dans divers secteurs tels que les transports publics et les professionnels de l’hygiène et de l’environnement.

Bienplacé, « Poubelles la vie », mars 2023, Paris © @_75flowers ; Artiste inconnu, « Collecte des Capitalistes », Paris XIIIe, 2023 © Marie le Palec

Ces grèves ont profondément impacté la France et sa capitale. Pendant plusieurs semaines, les parisiens ont trébuché sur les poubelles qui s’amassent dans les rues. 

L’artiste Bisk.art a d’ailleurs produit une série d’œuvres qui utilisent les montagnes de poubelles délaissées par les ripeurs pour les transformer en monstres aussi terribles que ridicules grâce à l’ajout d’yeux et de bouches. 

Marcel Delaville, Les Monstres, Paris 2023, © @bisk.art 

De la Révolution Française au mouvement des Gilets jaunes en passant par la Commune, les rues de Paris sont le terrain de prédilection des révolutions populaires et des mobilisations sociales. C’est pourquoi, des manifestants provenant de toute la France ont débarqué à Paris afin de faire entendre leurs voix. Il en résulte de violents affrontements entre ces derniers et les forces de l’ordre. 

Artiste inconnu, Pochoir « Lache une caiss, Gaze un CRS », Paris XIIIe, © Marie le Palec

Pour soutenir ce mouvement social contre la réforme des retraites, les artistes se sont mobilisés, comme on peut le voir avec la banderole « No Pasaran! » réalisée par l’artiste à l’occasion d’une manifestation dans la ville de Cahors. Nô, qui est aussi responsable de la création d’une vente au profit de la caisse de grève.

Nô, « No Pasaran! », Cahors, mars 2023 © @no.street.art 

Mais aussi la fresque « Pas de Justice, Pas de Paix » peinte par le collectif d’artistes engagés Black Lines.

Itvan Kebadian, Bricedu Dub, « Pas de Justice, Pas de Paix », Paris XIXe, mars 2023 © @blacklinebl

Si il y a bien un groupe qui revendique l’espace public comme terrain de protestation, ce sont les artistes urbains ! À la fois témoin et support de leurs revendications, ils utilisent les murs comme espace d’exposition mais aussi d’expression. 

Entre deux projets de fresques murales et sous la supervision du talentueux Thom Thom, le mur du 84 rue Amelot affiche en toutes lettres le hashtag #soutiendesartistesauxgrévistes.

Thom Thom, #soutiendesartistesauxgrévistes, 84 rue Amelot, Paris XIe, mars 2023 © @84amelot ; @thom_thom_2000

Héritiers et héritières des luttes populaires de mai 68, les colleurs et colleuses s’en donnent à cœur joie pour passer leurs messages. L’artiste MsBeja, qui n’est pas insensible aux jeux de mots, placarde des affiches aux slogans chocs avec un poing fermé inspirant la lutte. 

Ms Beja, Pochoirs, Paris, 2023 © @msbeja_art ; @no.street.art

Les parisiens peuvent en témoigner, la capitale française est à feu et à sang depuis ce début d’année 2023. Et nous savons de quel côté se postent les artistes urbains qui sont – sans trop d’hésitations – montés au créneau pour soutenir les grévistes. 

Texte : Marie le Palec